Je vous ai déjà parlé de la liaison entre sons et couleurs et vous avais promis d’y revenir.

La synesthésie (venant de union et sensation) est le fait d’associer une ou plusieurs activités sensorielles (dans certains cas, les sons peuvent être perçus colorés). J’ai donc cherché à retrouver des exemples en musique (ou sons) et couleurs : et ils sont nombreux !

De nombreux hommes célèbres ont été des synesthètes : le pianiste de jazz Duke Ellington (Timbres – couleurs) la pianiste Hélène Grimaud,(musique-couleur) le peintre et photographe, David Hockney, le peintre Wassily Kandinsky, (couleur- musique) le pianiste Franz Liszt, (musique-couleur) le compositeur Olivier Messiaen, ( accord-couleur) les compositeurs Nikolaï Rimsky-Korsakoff, (tonalités musicales-couleur), Alexandre Scriabine, (musique-couleur) et Jean Sibelius, (son-couleur).

Franz Liszt  s’adressait en ces termes à l’orchestre au sujet d’une de ses œuvres : « Messieurs, je vous en prie, un peu plus bleu ! Cette tonalité l’exige ! » ou encore : « C’est un violet profond, s’il vous plait, gardez cela à l’esprit, pas si rose ! » .

Nicolai Rimsky-Korsakov voyait les accords en couleur. La tonalité d’Ut majeur lui apparaissait blanche, celle de Si majeur d’un bleu profond et triste, avec des reflets d’acier.

Il n’avait pas la même perception de la couleur du Mi bémol majeur qu’il voyait bleu alors qu’Alexandre Scriabine le voyait d’un violet rougeâtre.

Scriabine entreprit la mise en scène de ses perceptions synesthésiques par la projection de couleur en résonance avec les notes ou tonalités jouées.

Le cas de Duke Ellington est assez amusant, car ses partitions prenaient en compte les sonorités d’une part, mais aussi le jeu de chacun de ses musiciens.

Voilà ce qu’il disait : « j’entends une note jouée par un membre de l’orchestre, qui correspond à une couleur. J’entends la même par un autre musicien, et ç’en est une autre. Si c’est une note soutenue, alors je vois la même couleur, mais je perçois leurs textures. Si Harry Carney joue, le Ré est bleu foncé en toile de jute. Si Johnny Hodges joue, le Sol est d’un bleu clair en satin. »

Dans l’autre sens, le peintre David Hockney, dans ses décors et costumes pour l’opéra, reproduisait les couleurs et la densité d’éclairage que le paysage sonore de la musique faisait surgir à ses yeux, comme pour l’opéra de Richard Strauss (avec Maeterlinck) Die Frau ohne Schatten [La femme sans ombre] créé à Covent Garden.

La synesthésie de Jean Sibélius (1865-1957) avait ceci de rare qu’elle s’exerçait dans les deux sens, les sons lui produisant des couleurs, mais aussi bien celles-ci générant ceux-là.

Je pense que je reviendrai dans un autre article sur le cas de Sibélius.

 

http://www.diptyqueparis-memento.com/fr/sons-en-couleurs/

http://academie.sla.mars.free.fr/CHRONIQUES/SYNESTHESIECLARAC.pdf